It Follows, fuir la menace à tout prix

N’étant pas une adepte des films d’horreur, It Follows avait pourtant retenu mon attention après ses passages remarqué notamment à la Semaine de la Critique à Cannes en 2014, où encore au Festival de Toronto et de Deauville. Beaucoup l’on d’ailleurs nommé comme étant l’un des meilleures films d’horreur de ces dernières années. Rien que ça. Et il faut bien se l’avouer que ce film en a tous les atouts. De quoi nous réconcilier avec le genre et lui redonner par l’occasion un vent de fraîcheur. A la fois un mix avec le teenage movie (que l’on retrouve beaucoup dans les autres réalisations horrifiques), It Follows reprend certains codes mais s’éloigne nettement des films d’horreurs commerciales, trop souvent stéréotypé.

Partant d’un pitch simple mais original, Jay (Maika Monroe) se retrouve confrontée à la vision de n’importe quelle apparence humaine la poursuivant pour la tuer après un acte sexuel qui lui a transmit cette malédiction, l’histoire est servie par une atmosphère sous tension, inquiétante et surtout floue. Tout comme Jay, nous ne comprenons pas ce qui se passe, la situation est incontrôlée et l’effet de surprise est toujours présent. Nous avons cette sensation d’être suivie, ou parfois d’être le suiveur, et analysons ce qui nous entoure avec suspicion. L’attention est captée et le regard est alors très sollicité. Et cela d’autant plus avec une magnifique photographie qui laisse planer le vide et la froideur de Détroit au côté d’une mise en scène impeccable.

Ici, pas de pataquès, la tension se suggère naturellement et est embelli par une musique électrisante, s’intégrant parfaitement. It Follows n’est pas totalement un film d’horreur pur et dur. Le film ne cherche pas à nous terrifier et n’est pas dans la démonstration gratuite. La peur ne se voit pas, elle se ressent. La « menace » qui suit Jay, est indétectable et peut surgir à tout moment. C’est ce qui fait que la peur s’installe plus dans l’atmosphère, froide, mais en nous offrant tout de même quelques sursauts. Le mystère reste omniprésent tout le long du film.

L’aspect réaliste du film, est de plus desservie par un groupe d’adolescents très naturel et attachant. Un peu perdu dans leur vie, en plein dans le passage à l’âge adulte, ils sont montrés de façon mature et responsable. On pourra remarquer aussi l’absence de personnages adultes. Livrés à eux mêmes, ils sont donc seuls face à cette étrange malédiction tout comme devant leur avenir. Loin des clichés auxquels les teenages movie ont pu nous habituer, les acteurs ne rassemblent pas les critères habituels.  L’interprétation de Jay par Maika Monroe est très naturel et dépasse son physique inoffensif. On pourra seulement regretter que les personnages secondaire soient peu exploités, faisant parfois juste office de présence.

De David Robert Mitchell, avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Jake Weary, Daniel Zovatto,… 2015, 1h40

DVD sortie le 4 juin 2015, distribué par Metropolitan Filmexport 

Critique en partenariat avec Cinétrafic dans le cadre de DVDTrafic. Comme It Follows est ce qui ferait un top film pour une soirée film d’horreur, retrouvez en plus sur leur site : http://www.cinetrafic.fr/film-d-horreur

La Semaine de la Critique, Quinzaine des réalisateurs : Le Palmarès

La fin du Festival de Cannes approche à grand pas. Pendant que les dernières montées des marches défilent, et avant de découvrir la Palme d’Or, la sélection de la semaine de la critique a dévoilée son palmarès, suivi de la quinzaine des réalisateurs, section non-compétitive.

LA SEMAINE DE LA CRITIQUE

Le Grand Prix Nespresso a été décerné à Paulina de Santiago Mitre. Le personnage éponyme se rend dans une région défavorisé d’Argentine pour y faire de l’enseignement. Malgré les conditions de vie difficile et une agression par certains de ses élèves notamment, Paulina ira au bout de ses convictions pour sa mission pédagogique.

Autre grand gagnant, La Tierra y la Sombra de César Augusto Acevedo qui remporte deux prix, celui de la révélation France 4 et de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques). Ce premier long métrage qui prend place dans la région d’où est originaire le réalisateur, en Colombie. 17 ans après avoir abandonné sa famille, Alfonso, vieux paysan, fait de nouveau apparition pour être auprès de son fils malade. Il y redécouvre son ancienne maison cernée par des plantations de cannes à sucre provoquant une pluie de cendres continue et tentera de sauver ses proches. Le film sortira le 23 septembre 2015 en France.

Pour les courts et moyens métrages de la sélection, le prix Découverte Sony CineAlta a été remis à Varicella et le prix canal+ à Ramona.  Le prix de l’Aide Fondation Gan est revenu au français Clément Cogitore pour Ni le ciel, ni la terre. On y retrouve Jérémie Renier et Kevin Azaïs (Les Combattants) devant effectuer une mission militaire de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée de l’Afghanistan. Le lieux, à l’apparence plutôt calme, va pourtant devenir sujet à de nombreux mystères suite à la disparition de soldats.

 

LA QUINZAINE DES REALISATEURS

Si la section n’est pas une compétition, plusieurs prix sont néanmoins remis par plusieurs partenaires. Le prix Art Cinema Award a été remis à El Abrazo de Serpiente de Cirro Guerra qui a la particularité d’être en noir et blanc. La Label Europa Cinémas a récompensé Mustang de Denis Gamze Ergüven dénonçant les mariages forcés que vont subir cinq jeunes sœurs de Turquie. Le film a d’ailleurs énormément plu et fait parler de lui pendant le festival.

Le français Arnaud Desplechin a reçu le prix SACD pour Trois souvenirs de ma jeunesse. Le prequel de son film Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), sorti en 1996 avec Mathieu Amalric dans le rôle principal, retrace de l’enfance aux années étudiantes, le vie de Paul Dédalus (ici joué jeune par Quentin Dolaire et adulte par Amalric) ainsi que sa rencontre avec Esther.

<i>Trois souvenirs de ma jeunesse, </i>d' <i/>Arnaud Desplechin, sacré Prix SACD à la Quinzaine des Réalisateurs.                                                                                            

Cannes 2014 – jour 9 et 10

Au côté de Ken Loach, venu présenter Jimmy’s Hall un film dans l’univers du dancing et du jazz au début des années 30, le réalisateur Xavier Dolan a fait sensation. Du haut de ses 25 ans, déjà rendu à son 5ème long-métrage Mommy, le film tourné au format 1:1 (le carré parfait qui permet de donner plus d’intensité à l’image centrale) serai un bon candidat pour la palme d’or (on croise les doigts !) . Entouré de Suzanne Clément, Anne Dorval et Antoine Olivier Pilon, la révélation du film, il y croise trois personnages, une veuve héritant de la garde de son fils impulsif et violent qui tentent tout les deux de surpasser leurs difficultés  et qui se voient aider par leur voisine énigmatique. Un climat d’espoir va alors s’installer.

              Équipe du film - Photocall - Mommy

La journée du Vendredi a accueilli le réalisateur français Olivier Assayas pour Sils Maria en compagnie de Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloe Grace Moretz. Traitant du temps qui passe, une actrice de 40 ans s’apprête à rejouer dans la pièce de sa jeunesse avec un rôle plus mûre. Un jeune comédienne jouera, elle, le rôle qui l’avait révélée. Au milieu d’un décor montagneux, l’actrice va pour la première fois se questionner sur son âge.

           Équipe du film - Montée des marches - Sils Maria

Cannes 2014 – jour 8

Après le très récompensé The Artist, Michel Hazanavicius revient avec The Search toujours entouré de Bérénice Bejo. Traitant d’un sujet difficil, le réalisateur s’est intéressé à la Tchétchénie où la population subit la guerre. Il y raconte le destin croisé de quatres personnes venant de différents horizons qui ont chacun vécu la guerre à leur façon.

Autre film en compétition, Adieu au langage de Jean-Luc Godard. Film très atypique, un peu incompréhensible et offrant des images en 3D, le réalisateur nous fait perdre la tête et propose une oeuvre surtout poétique. Insaisissable, sa narration audacieuse provoque mais ne semble pas avoir touché autant.

                    Équipe du film - Photocall - The Search

Cannes 2014 – jour 7

Habitués du festival, les frères Dardenne ont fait sensation avec leur Deux jours, une nuit. Le temps d’un week-end, une employé demande à ses collègues de refuser leur prime pour qu’elle puisse garder son poste. Un cinéma social dont la solidarité, au coeur du film, est utilisée comme un moyen de lutte par cette femme jouée par Marion Cotillard au côté de Fabrizio Rongione.

Jean-Pierre Dardenne, Marion Cotillard et Luc Dardenne - Photocall - Deux jours, une nuit

L’autre évènement de la journée était la présentation du premier film de Ryan Gosling, Lost River. Ambitieux, le film suit une famille qui tombe dans un univers macabre dans un style fantastique. Entre cauchemard et réalité, dans un ville presque désertique à l’image de Détroit dont il s’est inspiré, une mère et son fils vont devoir se battre pour sortir du brouillard. Au casting, on retrouvera Christina Hendricks ainsi qu’Eva Mendes et Saoirse Ronan.

                Équipe du film - Photocall - Lost River

Belle pépite déjà apparu lors du Festival de Sundance, Whiplash a été très apprécié à la Quinzaine des Réalisateurs. Racontant une relation de conflit entre un jeune batteur plein d’espoir (Miles Teller) et son professeur de musique tyrannique, ce drame émouvant  dresse une histoire pleine de sensibilité et amusante également.

               

Cannes 2014 – jour 6

Place à Hollywood pour cette journée avec Foxcatcher de Bennet Miller et Maps to the stars de David Cronenberg. Le premier film reporte une histoire vraie du milieu de la lutte en creusant au plus près les détails de cette histoire. Une véritable immersion qui permet de mieux comprendre les personnages. Les trois hommes qui occupent l’écran sont joués par Channing Tatum, Mark Ruffalo et Steve Carell dont les prestations ont été salués.

                              Channing Tatum, Bennett Miller, Steve Carell et Mark Ruffalo - Photocall - Foxcatcher

Le dernier Cronenberg fait dans le pur style du réalisateur. La ville d’Hollywood devient lieu de théâtre de toutes les folies et illusions. Les personnages, aspirant tous à des désirs, vont se trouver et se perdre dans leurs déchainements au milieu d’un décor idyllique. Mia Wasikowska, Julianne Moore, John Cusack et Robert Pattinson se confrontent dans ce film au ton corrosif.

Dans la sélection Un Certain Regard, Pascale Ferran est venu présenter son Bird People qui parle des questions sur soi, de nos remises en cause avec une touche de surnaturel. Deux personnes vont chacune de leur côté se retrouver à un moment de leur vie où tout va changer que ce soit souhaité ou non. On y retrouvera Anais Demoustier, Roschdy Zem et surprise Camélia Jordana.

                              Robert Pattinson, Julianne Moore et David Cronenberg - Montée des marches - Maps to the Stars

Cannes 2014 – jour 5

En compétition, le duo Tommy Lee-Jones et Hilary Swank était venu présenter The Homesman, un western éblouissant. Ayant beaucoup plu notamment grâce à son originalité, le film parle de la folie avec trois femmes ayant perdu la raison qui sont confiées à Mary Bee Budy. Elle croisera sur le chemin Georges Briggs, un vagabond et s’associe avec pour lutter contre les dangers le long de la frontière.

                          Équipe du film - Photocall - The Homesman

La Scéance de Minuit accueillait la dernière réalisation de David Michôd (Animal Kingdom) avec The Rover. Narrant le portrait d’une famille de criminels issu d’un milieu tranquille et pourchassé par la police de son quartier, le film suit deux personnages dont le destin va les rassembler dans le but de rester en vie. Au sein d’une crise économique et d’un paysage désertique, The Rover raconte l’histoire d’une relation intense et d’un périple dont l’issu reste inconnu.  Au casting, on retrouve Guy Pearce en compagnie de Robert Pattinson.

                           Équipe du film - Photocall - The Rover

Cannes 2014 – jour 4

Le casting de Saint Laurent, très attendu, accompagné de son réalisateur Bertrand Bonello a crée l’évènement. Retraçant dix ans de la vie de Yves Saint Laurant, le dit concurrant du film de Jalil Lespert (sorti en janvier) s’avère être beaucoup plus sombre. Interprété par Gaspard Ulliel, nous plongeons dans ses années les plus intenses (de 1965 à 1976) et donc les plus intéressantes à explorer. Le film se mêle entre sa vie rêvé et ses souffrances intérieures. S’ajoute à cela un beau casting, Léa Seydoux pour Loulou de la Falaise, Louis Garrel pour l’amant et Willem Dafoe pour Andy Warhol.

                                               Léa Seydoux et Gaspard Ulliel - Photocall - Saint Laurent

Présenté aussi en compétion, dans un tout autre registre, Relatos Salvajes est un film un peu déjanté qui a la particularité d’être composé de 6 petits récits. Ceux-ci sont à l’image d’une montagne russe émotionnelle qui va au-delà de la réalité. Ses personnages sont en plein basculement entre une attitude civile et une attitude prise de folie. Poussé par le plaisir de perdre la raison et le contrôle, certains moments de leur vie vont devenir des facteurs a réveillé leurs désirs cachés et cruautés inavoués.

The Disappearance of Eleanor Rigby de Ned Benson avec James McAvoy et Jessica Chastain.

Pour Un Certain Regard The Disappearance of Eleanor Rigby réunit à la fois Jessica Chastain et James McAvoy en couple amoureux et Isabelle Huppert. La réalisatrice s’intéresse à la complexité de l’amour et des relations dans cette romance dont le mariage du couple s’ébranle  à cause d’un mauvais coup du destin. Tout deux vont devoir se comprendre et essayer de retrouver leur amour.

La semaine de la critique aura fait frissonner ses spectateurs avec It Follows, film d’horreur de David Robert Mitchell. Evitant les clichés, le teenage movie capte l’attention par sa mise en scène intelligente. Il suit Jay, 19 ans, qui après une simple expérience sexuelle se retrouve à avoir des visions étranges et la sensation que quelqu’un la suit. Le nouveau film de Mélanie Laurent, Respire fut également présenté en scéance spéciale avec les deux actrices montantes Joséphine Japy et Lou de Lâage.

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Respire de Mélanie Laurent avec Lou de Lâage et Joséphine Japy.

Cannes 2014 – Jour 3

Des films présentés ce vendredi, la psychologie des personnages était mis à l’honneur. En compétition, Captives marquait le retour du réalisateur Atom Egoyan, un habitué de Cannes. Mettant en scène la dispariton d’une petite fille, enlevée, il s’est penché sur les effets psychologiques que cela à pu causer sur l’entourage et notamment sur les parents (avec Ryan Reynolds). Après huit ans de vie passé sans leur fille, des indices troublants vont surgir indiquant que Cassandra est toujours vivante. A l’aide de la police (Rosario Dowson), ses parents et Cassandra vont tenter de comprendre sa disparition. Un thriller doté d’une mise en scène cadré qui nous plonge dans un univers froid et mystérieux.

                                         Rosario Dawson, Ryan Reynolds et Mireille Enos - Photocall -  The Captive

A côté, s’affichait Winter Sleep, le film le plus long de la compétition (3h16 !). Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan s’est rendu dans les plaines de l’Anatolie au coeur d’un hôtel pour un huit-clos physique et mental déchirant. Voyant la neige recouvrir le paysage et le froid s’installer, un comédien retraité, sa soeur et son épouse vont s’isoler dans un décor au teinte changeante reflétant la psychologie des personnages. 

Un Certain Regard nous présentait l’adaptation de Simenon, La chambre bleue, vu par Mathieu Amalric. Dans ce polar, deux amants qui se retrouvent chaque jeudi dans une chambre bleue et vivent leur relation sans inquiétude. Jusqu’au jour où le mari d’Esther a failli les surprendre, Julien décide qu’il veut arrêter. Cependant, le mari va mourir mystérieusement et la femme de Julien va être empoisonnée. Les deux amants vont alors se retrouver accusés de ces deux meurtres.

                       

Cannes 2014 – Jour 1et 2

Et c’est parti pour 10 jours de cinéma pour notre plus grand plaisir au Festival de Cannes ! Quels vont être les surprises et les déceptions de ce cru 2014 ? En tout cas, la sélection est alléchante et pas qu’en compétition officielle. Un certain regard, la quinzaine des réalisateurs et la semaine de la critique semblent bien regorger de petites pépites. Ouvert avec Grace de Monaco qui n’a apparemment pas beacoup plus et est décevant, attardons-nous sur cette première journée avec des premiers coup de coeur.

En compétition officiel, Mr. Turner, biopic de Mike Leigh ainsi que Timbuktu d’Abderrahmane Sissako ont été présenté. Le premier a été clamé pour son esthétique très réussi et rend hommage au peintre des lumières en retraçant ses dernières années. Seul bémol, la durée du film, 2h30.

                                                          Équipe du film - Photocall - Party Girl

Du côté d’un certain regard, c’est Party Girl, le film d’ouverture qui a attiré l’attention avec une véritable ovation. Entraineuse dans un cabaret, Angéliqe a soixante ans et se voit demander en mariage par un de ses clients. Une histoire touchante et hors du commun mené par un réalisme surprenant. L’actrice, véritable entraineuse joue avec ses propres enfants dont l’un d’eux fait parti du trio de réalisateur du film.

A la quinzaine des réalisateurs, Celine Sciamma est venu présenter sa Bande de filles et a conquis son public. Se situant en pleine cité, le film poursuit la transformation de Marieme, 16 ans, qui va devoir passer par plusieurs épreuves, se tester pour trouver une direction vers laquelle se diriger dans sa vie. Reflétant les réalités sociales, le film au style urbain touche par sa mise en scène.

                                                           REVIEW - Bande de filles est un portrait de femmes très, très fort